J’ai interviewé : Kishi Bashi

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Il y a quelques semaines, je suis tombé sous le charme d’un fantasque violoniste nippo-américain (cf Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.50). Brillant et virtuose touche-à-tout, après avoir accompagné notamment Regina Spektor ou Of Montreal, Kishi Bashi se lance dans une carrière solo qui, à l’écoute de son premier opus 151a, s’annonce vertigineuse. Interview exclusive de ce nouveau phénomène…
Quels sont tes premiers souvenirs musicaux? 
Je me souviens que je chantais sur les musiques de Sesame Street et de Mr Rogers (NDLR : séries télévisées pour enfants), comme, j’en suis sûr, la plupart des Américains l’ont fait durant leur enfance. Ma mère m’a aussi appris quelques chansons en français (elle était linguiste).
Tu as une formation de violoniste classique. Comment en es-tu arrivé à jouer du pop-rock indé?
J’ai d’abord suivi une formation classique mais, à l’université, j’ai beaucoup étudié l’improvisation. Je me suis plongé dans les univers du swing et du modern jazz. Les violonistes français, en fait: Stéphane Grappelli, Jean-Luc Ponty, Didier Lockwood. J’ai aussi beaucoup étudié la composition, ce qui m’aide beaucoup pour la construction de boucles et la production.
On te compare parfois à  Andrew Bird. Qu’est-ce que ça t’inspire?
C’est super! Je trouve qu’il est incroyable et sa musique est très belle. Son album Mysterious Production of Eggs est l’un de mes disques préférés. Bien sûr, si l’on écoute mon album, on remarque que ça n’a rien à voir avec son travail. Quand j’ai commencé à faire des boucles au violon, je m’attendais à ces comparaisons mais, par la suite, je me suis rendu compte qu’il était ridicule de réduire quelqu’un à une copie d’Andrew Bird. Il est difficile à égaler!
Tu as joué avec plusieurs artistes comme Regina Spektor ou Of Montreal. Tu es aussi le chanteur du groupe Jupiter One. Qu’est-ce qui t’a décidé à te lancer en solo?
J’ai eu l’occasion unique de me retrouver en solo face au public de Regina quand sa première partie ne se pointait pas (ça arrive souvent en fait). J’ai joué des versions alternatives de mes chansons de Jupiter One et j’ai eu un aperçu de la satisfaction qu’il y a à pouvoir contrôler son volume sonore et aussi à apprécier les nuances de sa voix, ce qui n’est pas vraiment possible dans un groupe de rock qui joue fort. La façon dont la foule a réagi a vraiment conclu l’affaire. C’était tout à fait satisfaisant. J’ai ouvert pour Regina Spektor en Australie et les réactions étaient tellement bonnes que j’ai décidé d’enregistrer un EP avec toutes les chansons plus calmes que j’avais écrites et qui avaient toujours souffert entre les mains d’un groupe de rock bruyant.
Il y a du violon tout au long du disque. Est-ce que tu composes directement avec cet instrument? 
Oui. J’ai commencé à expérimenter davantage avec mon violon quand je produisais ces univers sonores barrés pour le dernier album de Of Montreal. J’ai essayé de creuser pour obtenir des sons uniques et j’ai trouvé excitante l’idée de découvrir un nouveau moyen d’expression qui était pendant tout ce temps au bout de mes doigts.
Est-ce que c’est toi qui joues tous les instruments sur le disque? 
A peu près. Il y a juste des percussions, sur Bright Whites, de mon ami, le batteur de Of Montreal, Clayton Rychlik et aussi des parties de violoncelle extraordinaires de Yoed Nir.
D’où vient le titre 151a?
151a est un jeu de mots sur l’expression “ichi-go-ichi-e”. C’est une philosophie japonaise de la performance datant de l’ère Edo qui décrit la beauté du moment dans le temps qui est parfait et unique. Ça se traduit “une fois dans une vie”.
Il y a quelques paroles en japonais et la pochette du disque semble tirée d’un manga. Dans quelle mesure es-tu influencé par le culture japonaise?
Je suis un Américain d’origine japonaise de se seconde génération. Mes parents sont des immigrants, donc la culture japonaise occupe une grande place chez moi. Ce n’est que récemment que j’ai intégré cette dimension à ma musique. En creusant plus profondément pour trouver des voies d’expression uniques, j’ai été surpris et ravi de découvrir que le Japonais était un outil musical parfait. J’en ai rapidement fait un thème, tout comme l’était le violon, dans la construction de mon premier album.
De ce que j’ai lu, les critiques sont très bonnes. Quelles sont les prochaines étapes pour toi?
Je suis très heureux que les gens apprécient mon album. Je vais probablement tourner autant que possible et, ensuite, j’aimerais vraiment travailler sur mon prochain album.

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