22 régions 22 groupes – Ep.11 : The Void (Picardie)

Browse By

Il y a des soirs comme ça où, la fatigue aidant, on a envie de rien. Ou, en tout cas, pas grand-chose. Qu’on vous fiche la paix, qu’on vous laisse tranquille, et que surtout on ne vous demande rien. Non, je ne préparerai pas le repas. Et non, je ne sortirai pas les poubelles. Oisif, pantouflard, je n’ai pas la force d’écrire une nouvelle chronique. Seul avec mes pensées qui s’envolent et que je n’essaie même plus de retenir, je procrastine. Standby, reboot, réinitialisation de mes circuits rouillés. J’allume la télé et je vois des cons qui plongent dans une piscine. Splash ! Pas prêt, malgré tout, à tomber si bas, avec le minimum de lucidité qui me reste, je presse le bouton off de la télécommande. Le cerveau toujours en veille, je lance une playlist sur un site de musique en ligne. Mais après deux interruptions publicitaires vantant les mérites de la nouvelle Twingo, je lâche l’affaire. Besoin de rien. Envie de quoi ? Sûrement pas de me faire tatouer un logo en pleine gueule. Je veux juste faire le vide. Le vide. Le vide. The Void. Le plus british des groupes français. Et sûrement l’une des meilleures formations du pays actuellement. Ça ne devrait pas tarder à se savoir.

Ces cinq garçons dans le vent ont tout pour eux. Ils sont jeunes, ils ont la classe et, ne crachons pas là-dessus en ces temps de bêtise crasse, ils sont dotés d’une solide culture générale et musicale. Quand un groupe donne à l’une de ses chansons le titre d’un très grand roman de la littérature américaine – A Confederacy of Dunces, en français La Conjuration des Imbéciles de John Kennedy Toole – forcément, je prête une oreille attentive. Les abrutis de service les trouveront sans doute un poil trop intellos. Ce serait bon signe. A force d’entendre ces dizaines de jeunes groupes electro-rock qui finissent par tous se ressembler, on commençait à se demander où était passée la pop radieuse et raffinée de nos aînés. Avait-on perdu la recette ? Avec les sixties en ligne de mire – qui pose encore comme ça sur une pochette de disque ? – les dandies de the Void prouvent que le problème, ce n’est clairement pas d’avoir des références, c’est surtout de savoir quoi en faire. Et, à ce petit jeu, ils excellent, faisant preuve d’une audace et d’une créativité remarquables sur des morceaux polymorphes comme le bien-nommé titre éponyme de leur album The Quest of Absolute. Originaires d’Amiens, mais les oreilles tournées vers l’Angleterre, ces cinq garçons pleins d’avenir ont plusieurs atouts dans leur outre-Manche : les Beatles, les Kinks, Pink Floyd, et d’autres encore, sont convoqués mais jamais bêtement plagiés. The Void, c’est beau, c’est grand et on se plaît à s’y perdre. Ça non plus, ça ne devrait pas tarder à se savoir.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Afficher les boutons
Cachez les boutons