Coincé à la table des grands, je regarde mon fils qui s’amuse dans la pièce d’à côté avec ses cousins et cousines. Il court, il crie, il est heureux. Moi, je m’emmerde royalement. Par politesse, j’essaie de maintenir un semblant d’intérêt pour une discussion quelconque sur la politique du gouvernement, le temps qu’il fait dehors ou les recherches d’emploi du cousin machin. J’opine du chef, je hoche la tête, je fronce les sourcils mais, pour être honnête, le cœur n’y est pas vraiment. Si je m’écoutais, je sifflerais d’un coup le reste de la bouteille de Saint-Emilion Grand Cru qui trône impassible au milieu de la table et j’entamerais une danse loufoque dans laquelle j’entraînerais petits et grands. Nous ririons tous aux éclats, du dernier-né à l’arrière-grand-mère qui, soit dit en passant, est en train de s’assoupir. J’aimerais tellement pouvoir retourner en enfance, ne serait-ce que quelques instants. Échapper aux soucis du quotidien, fuir les responsabilités, arrêter de me prendre au sérieux et inspirer à fond ce parfum d’enivrante liberté.  Entre fromage et dessert, mon imagination vagabonde. Peter Pan trentenaire et bedonnant, je m’envole vers des contrées fantasmées. Mes yeux se ferment et, dans le lointain, une douce voix entonne : “Je suis la fille Peter Pan. La nuit, je ne dors pas, je vole.”  Elle s’appelle Billie et fait partie de ces créatures féériques qui peuplent le Pays imaginaire.

Dans la vraie vie, elle vient de Lyon et elle est chanteuse. Mais, comme on est à Neverland, tout ça n’a pas d’importance ; puisque je vous le dis, vous n’aurez qu’à considérer que c’est une fée. Sa voix est une pure merveille. Ses mots sont du velours. Son univers sensuel et onirique vous réchauffera les oreilles et le cœur en attendant les beaux jours. Difficile d’imaginer mariage plus harmonieux entre grande chanson française et sonorités électroniques. Accompagnée de Theodora King au violoncelle électrique et de Teddy Elbaz aux claviers et aux machines, Billie vole de scène en scène depuis un bout de temps déjà, laissant le public sous le charme de ses compositions originales et envoutantes. Tantôt acoustique et caressante, tantôt vibrante et obsédante, sa musique est de celles qui marquent durablement les esprits. C’est d’autant plus vrai qu’il existe (à ma connaissance ! ) très peu de chanteuses s’exprimant en français dans ce style musical. Billie est unique en son genre et, si vous voulez mon avis, ça ne va pas tarder à se savoir. Son premier album Le Baiser, prévu pour octobre 2013, devrait en toute logique (si le mauvais goût généralisé ne l’emporte pas ! ) l’imposer comme l’une des grandes révélations de la scène française. Réalisé par Grégory Louis et Romain Tranchart – qui, en plus d’être la moitié du duo house Modjo, a aussi travaillé avec Sébastien Tellier sur l’album Sexuality – le disque a aussi vu des artistes comme Kent ou encore Belle du Berry, de Paris Combo, participer à l’écriture. J’ai eu la chance d’en écouter quelques titres. Mon verdict est sans appel. Billie, c’est l’avenir de la chanson française. Pour ceux qui voudront en avoir le cœur net, elle sera en concert au Bus Palladium, à Paris, le 18 janvier 2013. Si vous devenez accro, ne venez pas vous plaindre, je vous aurai prévenus…