En français dans le texte : Volin

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Je ne sais plus ce qui nous avait pris. On avait dû boire un peu plus que d’habitude ou s’accrocher à un pari stupide. En tout cas, on a décidé de faire Strasbourg-Montpellier… à vélo.

Moi, je m’en foutais. Je venais de me faire larguer par mon employeur et par ma copine de l’époque. Alors tu penses bien, d’avoir le cul en compote et le bronzage de Richard Virenque, ça me faisait de belles jambes. On a retapé des vieux biclous maquillés comme des camions volés. Et nous voilà partis.
Pas vraiment la chevauchée fantastique, notre équipage. En haut de chaque côte, on s’arrêtait pour fumer nue clope et bouffer des bonbons qui piquent. Quand la pente était trop rude, on se disait qu’on aurait mieux fait de prendre le train. Des fois, je prenais un peu d’avance et je chialais en pédalant. On roule plus vite quand on a quelque chose à fuir.
Au bout d’une grosse semaine, sur un parking de supermarché, on a entendu un autochtone parler de “homeu-cinéma”. On a compris qu’on n’était plus très loin. Le soir, en arrivant, on a bu un Pastis, on était raides. On est tous allés se coucher, imbéciles heureux, du ciel étoilé plein les yeux.
J’ai erré dans la ville plusieurs jours de suite. Je n’ai pas croisé Volin. Peut-être que le groupe n’existait pas encore. Ou alors, peut-être qu’ils étaient en vacances. Qui sait où vont les Montpelliérains quand ils partent en vacances ? Vont-ils se réchauffer au soleil d’ailleurs ? Où vont-ils tremper leurs pieds ? Je n’en sais rien.
Je ne sais pas non plus où Volin est allé tremper sa plume. Dans la grande littérature ? Dans les vapeurs d’alcool qui nourrissent les rêves ? En tout cas, l’écriture de Colin Vincent est vertigineuse de grâce et d’élégance. On rêve, on part, on boit. Le verbe est aiguisé, mi-songeur, mi-rageur. Une claque poétique qui m’a laissé pantois pour au moins trois raisons. 
La première, c’est qu’ils ne sont pas légion, les manieurs de mots de ce calibre. Sur la scène française actuelle, ils se comptent sur les doigts d’une main. C’est plutôt du côté des Québécois (Monogrenade, Avec pas d’casque, …) qu’il faut chercher les cousins de Volin. La deuxième, c’est que le chant de Colin Vincent est au diapason du texte : vibrant d’émotion et de sincérité, éraillé juste comme il faut. Et, enfin, last but not least, Volin a cette faculté d’offrir à la “chanson française” de nouveaux horizons, plus anglo-saxons. Comme si Bashung et Bertrand Belin s’encanaillaient avec Radiohead et Grizzly Bear.

Volin, c’est l’échappée belle, loin devant le peloton des poursuivants. On annonce un album pour la fin de l’année. J’ai hâte d’y être. Allez, les gars, vous avez le vent dans le dos et un boulevard devant vous…

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