J’effeuille la marguerite. A rebours.
Passionnément. On fait l’amour, on le défait. A la folie. Beaucoup de choses à se dire et de chemins à suivre. Des albums-photos qu’on remplit, qui prennent un peu la poussière et qu’on range dans des armoires que l’on n’ouvrira plus du tout.
J’effeuille la marguerite et, comme tu nous as congédiés, moi et “ma” musique, je cherche le réconfort dans les bras d’une chanteuse de jazz.
Zara McFarlane m’accueille à cœur ouvert. Je pose ma tête sur son épaule et l’écoute me murmurer des mots doux au creux de l’oreille. Le monde peut bien s’arrêter de tourner, les fleurs se faner, les portes claquer et les amours se perdre. Pendant une heure, je m’en fous. Suspendu aux lèvres de Zara, j’oublie tout.
Je ne comprends rien aux femmes. Ni au jazz, d’ailleurs. Mais, ce que j’aime, chez Zara, c’est qu’elle n’en fait pas des tonnes. Sa voix est puissante et hypnotique. Un gant de velours qui vous enserre les tripes et ne relâche jamais son étreinte. Posé avec une précision chirurgicale sur les instrumentations éthérées de ses comparses, le chant de la Britannique est un mélange de chaleur, de mélancolie et de sensualité. Suspendu aux lèvres de Zara, j’oublie tout. Et, au bout d’une heure, j’ai de nouveau envie d’effeuiller la marguerite. A l’endroit, cette fois. Pas du tout. Un peu. beaucoup. A la folie. Passionnément.