Hopla Geiss – Ep.15 : Colt Silvers

Browse By

Ami lecteur, l’heure est grave. Le panda géant, ce gros ours pelucheux avec un coquard à chaque oeil, est en voie d’extinction. Il se trouve que ce fainéant, plutôt que copuler avec Madame, préfère se dorer la pilule en se gavant de bambous. Si tu cherches bien, ça te rappellera sûrement quelqu’un dans ta famille, ou plus certainement, dans ta belle-famille. Tu sais, le cousin obèse qui s’affale dans ton canapé en s’envoyant des poignées entières de Curly, celui dont la vie ne tourne qu’autour de la PS3 et du Pôle Emploi. La seule différence, c’est que si personne ne souhaite voir le cousin en question se reproduire, la libido du panda est en revanche l’objet de toutes les attentions. Des scientifiques sérieux, des mecs bardés de diplômes, se coupent les cheveux en quatre pour essayer d’exciter la bête. Jouets stimulants, films pornographiques mettant en scène les meilleurs acteurs X pandas, rien n’y fait, l’animal se désintéresse complètement de la chose. Le panda mâle préfère bouffer du bambou, boire de la la bière et regarder un vieux match de Ligue 1 que de se taper sa voisine. C’est quand même con, un panda, quand t’y penses. Heureusement, en Alsace, on n’a pas ce problème. Le seul panda qu’on ait vu depuis des lustres est un panda rouge, sexy, virevoltant et rempli d’une énergie incandescente. Élevé en totale liberté par les Colt Silvers, il deviendra très vite ton animal préféré. 

Je savais depuis un moment que les Colt Silvers avaient un énorme potentiel. Le trio avait déjà prouvé par le passé sa capacité à allier énergie dansante et expérimentation sonore. Mais, malgré tout, je ne m’attendais pas à prendre une claque pareille à l’écoute de Red Panda. Déjà, la pochette, très réussie, est de bon augure. Nous voilà plongés dans un avenir où le panda rouge, sauvé de l’extinction, a pris l’ascendant sur votre cousin indolent. Saut quantique vers le futur, donc. Mais la musique de Colt Silvers est aussi une invitation au voyage. Jungles tropicales, montagnes himalayennes, les paysages défilent au gré des 14 titres de l’album, imprimant une imagerie puissante et vivace dans la rétine de l’auditeur. Ce n’est sans doute pas un hasard si, outre la musique, c’est aussi leur goût commun pour le cinéma qui a réuni Tristan, Agnan et Nicolas, les trois membres du groupe. Red Panda est traversé de part en part par cet élan cinématographique. Peu de groupes, sur la scène indépendante, sont capables d’une telle puissance d’évocation. C’est ce remarquable souffle de vie insufflé par le trio qui fait tomber toutes les barrières et fait de Red Panda un très grand disque. Les Colt Silvers font fi des contingences élargissent sans cesse le champ des possibles. Ils vont librement, là où exactement ils ont envie d’être, sans se poser de mauvaises questions. Electro, pop, rock, les styles se mélangent dans un tourbillon de créativité rafraîchissant. Ambiances changeantes, collaborations diverses et variées, à première vue, l’ensemble peut paraître hétéroclite mais la qualité de la production est là pour nous rappeler que, calme ou agité, c’est sur un même océan que nous naviguons au fil des 14 titres. Avec ce disque, l’un des tous meilleurs que j’ai écoutés depuis le début de l’année, les Colt Silvers franchissent assurément un palier et mettent la barre très haut. Cette fois, c’est certain  le panda roux a encore de beaux jours devant lui. Ami lecteur, si tu es du côté de Paris, les Colt Silvers seront en concert le 7 mars, à la Maroquinerie, avec 1984 et Phyltre. Ça fait au moins trois bonnes raisons de sortir de chez soi !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Afficher les boutons
Cachez les boutons