J’ai entendu : Farfi(z)a Sessions – Vol. 1 & 2

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Cette fois, c’est une certitude, nous avons échappé à la fin du monde. J’ai vérifié l’emploi du temps de Bruce Willis ; apparemment, il n’y est pour rien. Mais, peu importe. Vous êtes encore là, et moi aussi, c’est tout ce qui compte. Imagine, ami lecteur – je sais bien que je t’en demande beaucoup, tu viens à peine de décuver de ton réveillon de Saint-Sylvestre et le weekend approche à grands pas – imagine que les choses se soient passées autrement et que les prédictions des Mayas se soient révélées exactes. Imagine que la Terre ait été sur le point d’être engloutie par les eaux, et que l’un de nous, plus téméraire que les autres, se soit mis en tête de sauver ce qui devait l’être. En pareilles circonstances, tel un Noé des temps modernes, aurais-tu choisi d’épargner un couple de limaces baveuses ou de babouins à cul rouge ? Moi qui suis largement plus mélomane que zoophile, j’aurais certainement sacrifié le lapin angora et la vipère du Gabon au profit d’un Stradivarius ou d’une Fender Stratocaster. Ma femme, mon fils et moi, en plus de repeupler la planète, aurions passé nos journées à jouer de cette musique sans laquelle, dit-on, la vie ne vaut d’être vécue. Ce sont sans doute les mêmes sentiments qui ont animé Raphaëlle Duquesnoy, gérante et ingénieur(e) du son au Noize Maker Studio, dans le Pas-de-Calais, lorsqu’elle a sauvé d’une mort certaine un vieil orgue Farfisa Partner 15 des années 70. A force de voir les musiciens qui passent par là s’amuser et apprivoiser la bête, elle a l’idée de réunir quelques groupes locaux pour une compilation dont le Farfisa serait la vedette. C’est ainsi que, une chose entraînant l’autre, le Noize Maker Records vient de sortir les Farfi(z)a Sessions Vol. 1 & 2.

Dix-sept morceaux dont quatorze créations originales. Un premier volume plutôt Folk/Pop alors que le deuxième est plutôt Electro/Rock. La première conclusion qui s’impose, c’est que le Farfisa offre une palette infinie de possibilités. Loin de limiter les musiciens dans leur créativité, il apporte un supplément d’âme et de profondeur, un côté soigneusement vintage qui rend chaque titre unique et intemporel. Libres d’utiliser l’instrument comme bon leur semblait, les dix-sept groupes ont rivalisé d’inventivité pour offrir une merveilleuse collection de chansons. Entre nos amis de Dylan Municipal qui se sont contentés de la boîte à rythme en fond sonore aux ébouriffants Marvin Hood, qui livrent ici un de leurs meilleurs titres, le Farfisa a dû en voir de toutes les couleurs. C’est d’ailleurs aussi cet éclectisme qui fait la force du projet. De Gunter Carnaval à Shiko Shiko, de Louis Aguilar à Luminocolor (je pourrais tous les citer tant il n’y a pas un seul titre qui soit en-dessous des autres), cette compilation est aussi la preuve, s’il en était besoin, du dynamisme de la scène indépendante du Nord-Pas-de-Calais mais aussi de la volonté des artistes de se retrouver dans des projets communs. En tant que régional de l’étape, bien sûr, je m’en réjouis. Les Farfiza Sessions sont à mon sens exemplaires de ce que doivent être les projets musicaux au vingt-et-unième siècle : passionnés, ambitieux, originaux et fédérateurs. Des aventures musicales et humaines. Certains, dans d’autres régions, feraient bien de s’en inspirer. En tout cas, ami lecteur, si je t’ai convaincu et que tu as envie de soutenir Raphaëlle Duquesnoy et le Noize Maker Records, tu peux commander les deux volumes en vinyle ici. Si tu le fais, je t’aimerai encore un peu plus…

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