J’ai entendu : I am Pooh Loves Pretty Sybilline – Bicyclette

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Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été mordu de vélo. A deux ans, mes parents m’ont retrouvé dans le garage, juché sur le vélo de course de mon père, un vieux Motobécane orange. Personne n’a jamais su comment j’étais arrivé là. Je ne m’en souviens pas, évidemment, mais ça fait partie de la légende familiale, de ces petites anecdotes amusantes qu’on raconte au milieu d’un repas, entre le fromage et le dessert. Si j’étais devenu coureur cycliste, ça ferait peut-être sens mais, dans ma vie de tous les jours, cette précocité cyclopédique est à peu près sans effet. Qu’à cela ne tienne, on enchaîne avec un autre de mes faits de gloire : ma capacité – époustouflante, paraît-il – à identifier les cyclistes avant les commentateurs sportifs sur une simple vue d’hélicoptère. Oui, je sais, on s’en tamponne le coquillard et puis, d’ailleurs, je ne me rappelle plus très bien pourquoi je te raconte ça, ami lecteur. Peut-être parce que mon père, après m’avoir emmené à toutes les courses locales, après m’avoir rendu accro au Tour de France, a refusé de m’inscrire dans un club cycliste. Je ne sais même pas si je m’en suis remis ou si je lui en veux encore un petit peu. Au fond, ça n’a plus d’importance. J’étais et je suis toujours amoureux de la bicyclette, depuis que je suis né, en 1980, l’année où Joop Zoetemelk a gagné le Tour. Si je te dis tout ça, c’est sûrement parce que l’album dont il est question aujourd’hui s’appelle Bicyclette et que la première chanson du disque porte le nom de mon année de naissance.

Bicyclette est le deuxième album de – accroche-toi bien ! – I am Pooh Loves Pretty Sybilline, projet solo de Sébastien Blanc du groupe Tapenga. Je ne connaissais ni I am Pooh, ni Tapenga. C’est une découverte complète pour moi. Et, il faut bien le dire, c’est aussi une sacrée claque. Des trouvailles comme celle-ci, j’en redemande. I am Pooh est un touche-à-tout génial. Dans son grand bazar musical, on trouve de la synth-pop, de l’électro, de la new wave, de l’indie-rock. Bref, un joyeux bordel bricolé de toutes pièces par une sorte de savant fou musical. Déjà, la pochette donne le ton. On y voit, en guise de bicyclette, un assemblage hétéroclite de quatre vieux vélos tout droit sortis d’un Trocathlon. Au guidon de cet attelage rocambolesque, Sébastien Blanc nous emmène dans une course effrénée entre les genres, entre les décennies, entre le bon sens et la folie. C’est tellement barré, tellement jubilatoire, que ça ne ressemble à rien de connu si ce n’est peut-être aux bidouillages de Beck période Mellow Gold et Odelay. Certes, l’ensemble est un tantinet décousu. Parfois, on a presque envie que ça s’arrête tellement on a l’impression d’avoir foutu la tête dans un shaker. Mais, au final, quel pied ! Allez, c’est un peu comme descendre le col du Galibier à vélo, mais sans les mains. Inconscient, vertigineux et complétement pété du casque. C’est ça qui est bon !

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