Puisqu’on fait le pont, puisqu’on s’emmerde, puisqu’il pleut et qu’on ne va quand même pas siroter des pastis à l’eau de pluie à la terrasse d’un café, ami lecteur, puisque tu es d’accord, profitons-en pour parler de choses qui fâchent. J’aurais pu choisir – je ne sais pas, moi ! – au hasard : le PSG, les impôts, Lescop ou ta belle-mère. Il y avait aussi la guerre, les araignées ou les Orties, mais ça fait un peu Miss France comme aversions. Il ne manquerait plus qu’on aime les arcs-en-ciel, les dauphins et les enfants pour qu’on nous ceigne d’une écharpe tricolore. Mais je m’égare et, poli comme tu es, tu ne dis rien. Je ne sais pas pour toi mais, en ce qui concerne, s’il y a bien un truc avec lequel je suis fâché, ce sont les mathématiques. Ça remonte à mon année de terminale. Le professeur s’appelait Monsieur Larue et portait bien son nom. Sans lui, je serais peut-être devenu ingénieur à la NASA. Grâce à lui, je suis blogueur musical. Et je ne peux plus regarder de près ou de loin un théorème, une équation du troisième degré ou un logarithme népérien sans suffoquer ou transpirer à grosses gouttes. La chose mathématique est belle et non dénuée d’une certaine poésie, me disent les esprits malsains qui y prennent plaisir. Mais moi, je préfère regarder voler les oiseaux. C’est peut-être pour ça que j’ai mis si longtemps avant de me décider à chroniquer l’EP de Kids of Maths.

Faut-il être pervers pour se donner un nom pareil ? Et pourquoi pas Lewis and Clark, tant qu’on y est ?  Quoi, c’est le titre de l’EP ? Si comme moi, en plus d’être nul en maths, tu es tombé dans le panneau en croyant qu’il s’agissait d’un hommage à une série télévisée relatant les aventures de Superman, laisse moi te dire que tu te fourres le doigt dans l’œil. Lewis and Clark, c’est le nom de la première expédition américaine à traverser les États-Unis d’est en ouest. Et puisqu’il était écrit qu’on irait se coucher moins con ce soir, qui a dit “La musique est un exercice d’arithmétique secrète et celui qui s’y livre ignore qu’il manie les nombres.” ?  Bon, et sinon, Kids of Maths ? Comment te dire ? Ce sont des petits surdoués de la pop. Lewis and Clark est une traversée miraculeuse entre brumes matinales et couchers de soleil. On y croise l’amour fou, un pêcheur et le fantôme d’une célèbre écrivaine. Touchés par la grâce d’une voix angélique, les trois titres de l’EP conservent un équilibre constant entre jubilation et mélancolie et nous emmènent loin, très loin, dans des contrées paisibles et pleines de mystères. Dans un genre musical où il commence à  y avoir embouteillage, les Kids of Maths apportent une fraîcheur revigorante et un savoir-faire qui les différencient d’emblée de leurs camarades de classe. Félicitations !