J’ai vu, J’ai entendu, J’ai interviewé : Dirty Beaches

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Comme souvent, quand je vais au concert, j’arrive un long moment en avance.  Les portes de la Galerie Stimultania sont encore closes. J’attends, seul d’abord, puis la foule commence à se masser devant l’entrée, en petits blocs compacts. Tous les gens qui composent cette faune pittoresque semblent se connaître d’une manière ou d’une autre. Tout ce que la capitale européenne compte de bobos branchouilles semblent s’être donnés rendez-vous ici. Salut, ça va? Et vas-y que je te claque la bise. Au fait, tu connais, toi, Dirty Beaches? Ouais, j’ai entendu ça sur FIP, c’est plutôt space comme musique…
 
Un mélange d’attente impatiente et une légère appréhension m’envahissent. Alex Zhang Hungtai, alias Dirty Beaches, après un cordial échange de mails, a accepté de m’accorder quelques minutes à l’issue du concert. Me voilà, cher lecteur, dans la peau d’un intervieweur. Mais, d’abord…c’est parti, musique! Alex martèle sa guitare de riffs lancinants et se démène sur ses pédales d’effets pour créer des vagues sonores distordues. A ses côtés, le saxophoniste sort de son instrument des couinements étranges et inquiétants. Ils ne sont que deux et, pourtant, en quelques instants, on atteint le mur du son. L’intensité sonore n’a d’égale que la ferveur de l’interprétation. Alex Zhang Hungtai chante comme un possédé. Sur des ambiances de western apocalyptique, il crache les mots comme s’il s’arrachait les tripes pour les sortir. Sur Lord knows best, il joue toute la gamme des émotions. On croirait voir une performance d’acteur tant il passe de la tendresse caressante à la douleur plaintive en un éclat de voix. Sur le rappel, il s’acharne de plus belle sur les cordes de sa guitare dans un vacarme supersonique de haute voltige. J’en suis à me demander si c’est la fin du monde. Ce n’est que la fin du concert…Quelques instants plus tard, c’est un Alex visiblement fatigué mais souriant qui accepte de répondre à mes questions…
 Alex Zhang Hungtai
JTLTVTB : Sur ton blog, on trouve le clip d’une de tes chansons (White Sand) réalisé par Christopher Doyle, le directeur de la photographie de Wong-Kar-Wai…
Alex Zhang Hungtai : Oui, c’est vrai. Je ne le connais pas personnellement mais j’ai rencontré sa femme. Elle lui a parlé de moi et il a accepté de tourner la vidéo. C’est un grand honneur pour moi. C’est quelqu’un que j’admire beaucoup.
Que signifie le cinéma pour toi?
Le cinéma, c’est toute mon adolescence. Lorsque j’étais adolescent, je passais une grande partie de mon temps à regarder des  films. J’ai même travaillé dans un vidéo-club. Ça m’a permis de découvrir des réalisateurs comme David Lynch, que j’apprécie particulièrement.
Tes chansons semblent comme hantées, peuplées de créatures mystérieuses, de monstres. En somme, une bande-son parfaite pour une soirée d’Halloween?
Je ne pense pas que les monstres soient effrayants. Il y a dans la vie des choses bien plus effrayantes : le racisme, la guerre,…
Où puises-tu ton inspiration?
Je tire l’inspiration de la vie, tout simplement. Les gens pensent souvent que, pour faire de la musique, il faut être quelqu’un de spécial. Pas du tout. Tu peux avoir une vie merdique, un job pourri et quand même avoir de l’inspiration. L’inspiration, c’est juste ce qui fait que tu es différent.
Quels sont les artistes qui t’ont influencé?
J’aime beaucoup Vincent Gallo. Sa musique est extraordinaire. Il est à la fois musicien, comédien, réalisateur, mannequin. C’est vraiment un personnage hors du commun.
Tu es né et as vécu à Taïwan, puis en exil à Hawaï, New-York et maintenant Vancouver. Te sens-tu chez toi quelque part?
Mon chez-moi, c’est le lit dans lequel je me couche. je n’ai aucun attachement à l’idée de nation. Les nationalismes créent des différences entre les gens, qui ne devraient pas exister, et engendrent des conflits. D’une certaine manière, la musique peut être, par sa dimension universelle, une façon de rapprocher les gens.
As-tu d’autres projets hormis Dirty Beaches?
J’ai quelques projets ici et là. Parfois l’envie de jouer avec une formation plus large. Mais, pour l’instant, je me concentre sur la tournée de Dirty Beaches…
Le temps de photographier Alex devant l’une des photos de l’artiste espagnole Lorena Morin, actuellement exposée à la galerie Stimultania, et de me faire dédicacer le vinyle de Dirty Beaches, et voilà une belle soirée qui se termine…

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