Ami lecteur, depuis le temps que tu te sers sur la bête, tu as bien compris mon mode de fonctionnement. En matière de repérage musical, tout fonctionne par capillarité. Donc, en gros, plus il y a de poil, plus il y a de découvertes. De ce point de vue, la scène musicale nancéienne – et, c’est pas pour faire de la lèche – ressemble à s’y méprendre à une gigantesque partouze de film de cul des années 80. On s’enlace, on s’imbrique, on s’interpénètre. Moi qui suis à Strasbourg, je ne ressens pas cette même solidarité. Ici, chacun se branle la nouille dans son coin. L’herbe est toujours plus verte ailleurs, me diras-tu. A l’écoute de certains groupes nancéiens, le doute n’est plus permis : leur herbe est effectivement de meilleure qualité. Et ils en profitent pour défier la gravitation, pour vous mettre la tête à l’envers, pour vous passer au shaker et vous secouer dans tous les sens. J’avais rencontré à Nancy, le seul groupe qui se soit bougé le cul en bagnole pour venir répondre à mes questions, les excellents Hoboken Division. Et puis, en tirant sur les poils, je suis tombé sur un remix d’Hoboken Division par Boars, une joyeuse bande de déglinguos, si tu veux mon avis. En les écoutant envoyer Sugardady dans la stratosphère, je me suis dit qu’ils étaient complètement barjots. J’étais très en-deçà de la vérité.
La lecture des passions du groupe sur leur page Facebook aurait pourtant dû m’alerter. Des gens qui partagent un goût commun pour l’exhibitionnisme animalier, la piraterie ou l’épluchure artistique synchronisée, s’ils ont peu de chances de finir champions olympiques, ne pouvaient pas non plus produire de la musique aseptisée. Boars, c’est des gros cochons sauvages, pas du jambon sous vide découenné. De leur propre aveu, ils sont constitués de 8 bras, 8 jambes, 4 têtes, 3 foies, 40 doigts, 4 pancréas et 1 cerveau, soit d’après mes calculs, à peu près 4 individus, qui, me suis-je laissé dire, ont largement contribué au succès de YouPorn. Des culs, des poils, des bites, mais aussi des beats qu’ils sèment au vent ou qu’ils envoient bien profond dans tes oreilles. Missionnaires du gros son, les Boars sont bien déterminés à ravager tout ce qui bouge avec leur cocktail orgasmique d’électro survitaminée et de rock furieux. Ça envoie du lourd dans vos orifices auditifs. Leur EP Modafucka en jette plein la figure. Je parie que tu aimes ça. En tout cas, c’est de la bonne came. Ami cycliste, si tu cherches à optimiser tes performances, passe-toi ça dans l’oreillette et tu pourras jeter tes seringues aux oubliettes. Une grosse claque dans ta gueule, un coup de pied – ou d’autre chose – au cul, c’est tellement vite arrivé. Surveille tes arrières, ami lecteur, les cochons sont lâchés… Et si t’as envie de te faire ravager en direct, RDV sur la page Facebook J’ai tout lu, tout vu, tout bu… pour gagner ta place pour leur concert du 28 juin au Totem de Maxéville !
