Où il est question d’un voyage dans le temps, d’une nouvelle de Nabokov, de souvenirs de vacances et d’inventer ses propres paysages…
Nuage. Château. Lac. Trois mots et mon imagination se met à courir. Le ciel a la couleur des mauvais jours. J’entends le galop des chevaux, le bruit des épées qui s’entrechoquent. J’entends le splash des corps qui tombent à l’eau. Dans quelques siècles, un guide expliquera à une famille de touristes pourquoi ce lac est surnommé le lac rouge. Les parents acquiesceront, solennels tandis qu’en pensée, les petits garçons voyageront vers le temps des chevaliers et, armurés de la tête aux pieds, se jetteront dans la bataille.
Cloud Castle Lake, c’est aussi le nom d’un trio dublinois qui ne tardera pas à faire couler beaucoup d’encre. Daniel McAuley, Brendan Jenkinson et Rory O’Connor dessinent des paysages qui ressemblent à nos plus beaux souvenirs. Au dessus d’un lac sigur-rosien, un nuage de voix haut perchée surplombe un château aux fondations radioheadesques. L’espace d’une seconde, vous aurez le sentiment d’être en terrain connu. Et la seconde suivante, Cloud Castle Lake vous emmènera un peu plus loin, un peu plus haut.
Ne vous leurrez pas : les Irlandais sont bien plus que le patchwork de leurs influences. Il faut plutôt voir en eux de dignes héritiers, capables d’assimiler et de transfigurer les enseignements de leurs maîtres, capables de survoler les mêmes paysages pour en mettre en lumière de nouvelles facettes. Pour un groupe qui s’apprête à sortir son premier EP, Dandelion, c’est déjà pas mal. Mais, quand ils auront pris assez de galon pour inventer leurs propres paysages, ces trois-là seront tout simplement incontournables. On en reparle dans un an ?