Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.36 : Le Butcherettes

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J’ai déjà  largement évoqué le féminisme dans mon précédent article. Je ne suis pas du tout dans l’idée d’en faire une thématique récurrente de ce blog. Ce n’est pas l’objet de ce modeste vecteur de contre-culture. Mais il se trouve, hasard de publication, que de féminisme, il sera de nouveau question ici, mais sous une forme tout à fait différente. Le féminisme BCBG des Chiennes de garde est en effet sans commune mesure avec la furie dévastatrice de Teri Gender Bender, tête pensante et agitatrice du groupe de rock Le Butcherettes. 
Teri est née à Denver de parents mexicains. Elle retourne au Mexique, à l’âge de 13 ans, après la mort de son père. Au lieu de se laisser emporter par sa douleur, elle décide de poursuivre ses rêves et de se consacrer à la musique. En 2007, elle forme Le Butcherettes avec une amie. Profondément influencés par le machisme de la société mexicaine, Teri et son groupe produisent un son rageur destiné à lutter contre les stéréotypes féminins. Elle met en scène de façon métaphorique les clichés sexistes, utilisant de la viande crue pour montrer la façon dont certains hommes traitent les femmes ou portant un tablier ensanglanté pour rendre hommage aux victimes des meurtres de Juarez. Des performances scéniques hallucinantes qui lui ont valu d’être remarquée par Omar Rodriguez Lopez des Mars Volta qui a produit son dernier album et assuré les parties de basse, et, plus récemment, de jouer en première partie d’Iggy Pop.
L’énergie dévastatrice de Teri Gender Bender est également perceptible sur l’album studio Sin Sin Sin. Dès les premières mesures, l’énergie brute de Le Butcherettes fait mouche. Sur des riffs de guitare rageurs, la voix féroce de Teri vous colle à votre siège et les 13 chansons se succèdent pied au plancher. Vocalement, on a affaire à la meilleure chanteuse de rock actuelle. La voix évoque parfois celle d’Alison Mosshart des Kills mais les envolées lyriques de Teri, sa facilité à aller vers le hurlement déchirant ou vers une théâtralité maîtrisée, en font un véritable OVNI. Elle oscille sans cesse entre colère et jubilation sans qu’on sache jamais vraiment lequel des deux sentiments l’emporte. Elle mêle engagement politique, références littéraires et revendications féministes sans jamais avoir l’air d’une donneuse de leçons. Sa façon unique de célébrer l’amour, la sexualité et la justice sociale est tellement rafraîchissante qu’elle serait même capable de faire adhérer le plus grands des machos aux idées féministes. Un album unique, magistral et indispensable…en écoute intégrale ci-dessous.

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