Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.51 : Roken is Dodelijk

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Fumer tue, peut-on lire sur les paquets de cigarettes. Pour bien comprendre la portée de cet avertissement, replaçons-nous quelques années en arrière, au moment où le message en question, résultat de longues heures de travail d’un quelconque comité de santé publique, s’est mis à fleurir dans les bureaux de tabac. Imaginons un instant un fumeur notoire entrant chez son buraliste et commandant son paquet de cigarettes habituel. Voilà qu’il découvre, écrit en grandes lettres noires, le funeste présage. Quelle sera sa réaction? De toute façon, on mourra tous un jour, constatera, non sans raison, le fumeur fataliste. Merci, rétorquera le fumeur ironique, on mourra moins cons en le sachant. Quant au fumeur suicidaire, ils décidera de fumer plus pour mourir plus vite. Mais est-ce que cette voyante mise en garde a déjà dissuadé quiconque d’éteindre à jamais sa dernière cigarette? Pour peu que vous ayez un minimum de sens de l’humour, un talent certain pour la musique, que vous habitiez près de la frontière belge et que vous cherchiez un nom de groupe, vous pourriez même vous baptiser Roken is Dodelijk, équivalent néerlandophone de Fumer Tue. C’est l’idée facétieuse qu’ont eue six joyeux lurons originaires de la région lilloise. N’ayant pas tous les jours l’occasion de vanter les mérites d’un groupe issu de ma région natale, je ne tarirai pas d’éloges sur Roken is Dodelijk et ce avec autant plus d’enthousiasme que c’est avec beaucoup de retard, je m’en excuse platement, que je les découvre.
Après avoir fait ses armes sur les scènes régionales, Roken is Dodelijk a joué dans plusieurs grands festivals comme le Printemps de Bourges ou Rock en Seine. Leur premier EP, R.I.P. (Rest In Peace), sorti en 2007, posait déjà les bases d’une pop indé lumineuse et finement ciselée. Le maxi The Terrible Things, en 2010, est venu confirmer l’immense talent du groupe et a définitivement imposé Roken is Dodelijk comme l’un des grands espoirs de la scène indé made in France. Derrière une apparente simplicité, leurs compositions font apparaître des arrangements complexes et  somptueux qui se laissent apprivoiser au fur et à mesure des écoutes successives. Les harmonies vocales sont parfaites et lumineuses. L’idée, avec The Terrible Things, était de réaliser un disque du matin, une musique que l’on puisse écouter en se réveillant. Comme dit si bien Enrico, “les gens du Nord ont dans le cœur le soleil qu’ils n’ont pas dehors”. Il y a donc de la douceur, un zeste de mélancolie mais aussi une belle dose de bonne humeur dans ces sept morceaux. De la “mélancolie positive”, comme se plaisent à le dire les membres du groupe. Et, surtout un enchaînement échevelé de petits bijoux pop irrésistibles que vous vous surprendrez à fredonner tout au long de la journée. Beaucoup de groupes français puisent leur inspiration dans la pop anglo-saxonne mais peu atteignent un tel niveau de maîtrise. Si leur premier album se fait attendre depuis de longs mois, c’est que les membres de Roken poussent le perfectionnisme à son paroxysme. Mais, en tout cas, retenez bien leur nom car ces six-là, si le tabac ne les tue pas prématurément, sont promis à un avenir radieux. La preuve en musique…Et comme d’hab, soutenez les artistes indépendants, achetez leur musique!

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