Le groupe que les autres écouteront dans un an – Ep.74: So Many Wizards

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Lu sur le fil de commentaires du site de l’hebdomadaire télé qui pagaye dans la semoule consacré à l’album An Awesome Wave d’Alt-J. Afin de ne pas dénaturer le propos de ce regrettable internaute, j’ai bien sûr conservé la syntaxe approximative et les grossières fautes d’orthographe du message originel. “Entendu un extrait. Putain c’est horrible. C’est en effet le Wu-Lyf de 2012. Faut arrêter de ramener Radiohead à tout bout de champs pour valider le groupe d’indie rock électronique avec touche world music du mois. Vampire Weekend, Wy Lyf, tous ces groupes horribles sur lesquels la presses et les indies kids se paluchent. Antony ça aura été le Camille de l’indie rock, il aura pollué le paysage musical avec ses dégobillages emphatique que tout bon indie kid se doit de vénérer. Faut tuer le rock “indé”, il bouge encore.” L’auteur de ce message, qui officie sous le pseudonyme sibyllin de N°6 – hommage à la série japonaise du même nom où N°6 désigne une zone où les enfants sont éduqués pour former la future élite, ou référence à un parfum destiné à marquer l’odeur nauséabonde de sa prose fielleuse? – prend en tout cas un malin plaisir à étaler son ignorance et son manque de goût sur la place publique, avec l’accord tacite de l’hebdo qui patauge dans la vase, lequel, en l’occurrence, a jugé ma réponse un peu trop verte pour être publiée. Alors, ma foi, indie kids de tous bords, n’en déplaise à ce bien-pensant monsieur qui considère la masturbation comme une pratique ignoble, continuons de nous palucher en écoutant de la bonne musique et emmerdons les vieux cons aux oreilles blasées avec nos artistes qui les dépassent. Ce n’est sans soute pas la sortie prochaine du premier LP de So Many Wizards, tant attendue de ce côté-ci de la blogosphère, qui risque de nous réconcilier avec ce parangon du bon goût mais Warm Nothing, puisque c’est son titre, emmènera à coup sûr tous les indie kids qui se respectent jusqu’à l’orgasme.


Lancé à la fin de l’année 2008, So Many Wizards était initialement le projet solo de Nima Kazerouni. Une sorte de remède contre la morosité après une enfance tumultueuse marquée par sa fuite hors d’un Iran dévasté par la guerre, qui l’a d’abord mené en Europe, en Amérique du Sud puis dans les ghettos de Kingston. Désormais installé à Los Angeles, Kazerouni s’est d’abord fait connaître par ses prestations live où il se produisait seul avec de vieilles télés équipées d’écrans LCD diffusant les parties d’accompagnement. Depuis, il a su s’entourer de vieux routards de la scène indépendante locale et le projet solo est devenu un quatuor, offrant à son génial leader une multitude de possibilités nouvelles. Les précédents EP, Tree et Love Songs For When You Leave Me avaient déjà donné un aperçu du talent du garçon et de son affolante capacité à composer des petites pépites de surf-pop lo-fi qui sentent bon les années 50 et 60 et le sable chaud. Les premiers extraits de l’album Warm Nothing, qui sortira le 14 août prochain, viennent confirmer ces bonnes dispositions. Les arrangements et mélodies magnifiques, complexes, modernes et intemporels, audacieux sans être déroutants, forment un écrin parfait pour la voix angélique et haut perchée de Kazerouni. Le côté bricolage des premiers EP laisse la place à un ensemble plus abouti, plus mature qui devrait séduire tous les indie kids que nous sommes et laisser de marbre les vieux grincheux. Alors que, depuis le début de l’année, les bonnes surprises étaient surtout venues d’outre-Manche, So Many Wizards démontre que la flamme brûle toujours aussi fort de l’autre côté de l’Atlantique. Un des grands disques de l’année en perspective même s’il sortira le jour de mon retour de congés. Qu’à cela ne tienne, c’est la musique idéale pour que les vacances ne s’arrêtent jamais vraiment…

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